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C'est une bonne situation, ça : opérateur Motion Control ?

  • Claire-Emilie Lecocq
  • 1 avr.
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 7 avr.


My kitchen talents
Antoine Grasset, Responsable R&D Motion Control et Opérateur Motion Control de Spline

Antoine Grasset sourit. Puis il évoque ces plans qui paraissent impossibles à tourner sans tricherie. Comment filmer en rotation des grains de café projetés en l’air ? Réaliser un travelling ultra-rapide en slalomant entre des assiettes et des couverts avant de s’arrêter net sur un plat fumant ? Traverser une tortilla avec une caméra pour découvrir sa garniture en slow motion ? Synchroniser une flamme qui s’allume avec un steak qui s’élève, tandis que la caméra s’avance ?


Derrière tous ces effets visuels spectaculaires se cache une discipline à la croisée de la robotique et de l’audiovisuel : le Motion Control. Cette technique permet de contrôler avec une extrême précision les mouvements d’une caméra à l’aide de bras robotiques industriels adaptés aux besoins du cinéma et de la publicité. Plans à haute vitesse, traversées d’ingrédients, synchronisation avec des éléments externes, reproduction exacte d'un même mouvement… Le Motion Control ouvre des possibilités visuelles infinies.


Parmi les experts de cette discipline en pleine évolution, Antoine Grasset, responsable R&D Motion Control et opérateur Motion Control chez Spline, incarne cette nouvelle génération de professionnels. Avec un parcours atypique – de la musique à la post-production, avant de plonger dans la robotique appliquée à l’image en cofondant Spline il y a 8 ans – il nous éclaire sur les coulisses d’un métier aussi exigeant que passionnant.


Car pour programmer les mouvements des robots et les synchroniser avec d’autres éléments comme des lumières, des explosions ou des objets en mouvement, un poste clé entre en jeu : celui, encore méconnu, d’opérateur Motion Control. Véritable chef d’orchestre technique, il garantit la précision des enchaînements et la réussite de ces prises de vues d’exception.


Mais en quoi consiste exactement ce métier ? Est-ce un travail d’ingénieur ou de créatif ? Comment s’est-il imposé comme un outil incontournable dans l’industrie de la publicité ?

Antoine nous explique tout !


 

L'impact du Motion Control dans la pub


« Le Motion Control, ce n’est pas nouveau » nous précise Antoine. « Les premières utilisations remontent aux années 70-80, notamment avec Star Wars." Cette technologie a été utilisée pour filmer les scènes impliquant des maquettes de vaisseaux spatiaux avec un réalisme inégalé à l'époque. Il cite entre autre la scène de l’attaque dans la tranchée de l’Étoile de la Mort, ou la poursuite en speeder bike sur Endor (Le Retour du Jedi).


Le Motion Control se popularise dans la publicité des années 90 et devient incontournable dès les années 2010 grâce à l'intégration des bras robotiques plus fiables et plus rapides, notamment pour les plans aux ralentis extrêmes.


Les principaux atouts de cette technique sont d’abord l’aspect mécanique : la capacité d'exécuter de manière précise des mouvements complexes et rapides sur plusieurs axes (filmer un objet qui tombe, raser une table, slalomer entre des objets, …) et de les répéter à l’infini avec exactement les mêmes critères, au millimètre près. Cela permet notamment de composer des éléments filmés séparément mais partageant exactement la même trajectoire de caméra, et ainsi d’assembler différentes prises en mouvement pour n’en créer qu’une seule.


Il y a ensuite la synchronisation, qui offre la possibilité de filmer selon une trajectoire coordonnée avec un mouvement ou un son (déclencher un compresseur à air pour faire sauter des pâtes en l’air, lancer un lance flamme, une lumière, une explosion, … ou encore de la musique ou une vidéo).


Enfin, l’interconnexion avec la pré-production (pour tester un mouvement, une focale, prédire la taille du décor à construire, prédire si une vitesse est exécutable, … le tout pour un coût minime) et la post-production (pour exporter la trajectoire caméra vers le logiciel 3D de post-production sans avoir besoin de faire du tracking sur les images, et ainsi intégrer plus facilement les FX en post-production).



Chez Spline, les robots utilisés proviennent du monde industriel (notamment automobile), garantissant robustesse et fluidité. Ces machines s'affranchissent des défauts que pouvaient avoir les systèmes Motion Control d'il y a 20 ans, offrant maintenant une expérience fiable et ergonomique en tournage. 


Le studio d’ingénierie visuelle a également fait le choix de développer son propre logiciel optimisé pour programmer les mouvements de ses robots, afin de gagner encore en fluidité et en rapidité par rapport aux systèmes existants. 


C’est d’ailleurs un des points que nous apprécions particulièrement chez My Kitchen Society : la fluidité de travail, ainsi que la rapidité de mise en place et de programmations des plans avec les machines et les outils de Spline. Brice Vassault

Plongez dans les coulisses de My Kitchen Society et découvrez comment la magie opère grâce à ces machines de précision.


 

 

Un métier au carrefour de la technique et de l'artistique


Selon Antoine, le Motion Control est une discipline de haute précision qui fusionne technique et création artistique. En effet, l'opérateur Motion Control ne se limite pas à l'utilisation d'une machine sur un plateau. Il joue un rôle essentiel dans la préparation du tournage, la mise en place technique et la post production.


La pré-visualisation (“préviz”) est une manière d’anticiper le tournage grâce à une modélisation 3D du plateau de tournage (décor ou studio). On peut notamment y placer un robot virtuel afin de préconfigurer les mouvements de caméra.


Cela permet non seulement de gagner du temps lors du tournage, mais aussi de collaborer avec le chef opérateur sur son plan lumière (disposition des sources lumineuses) et le reste de l'équipe, notamment la déco.Antoine Grasset

Le Motion Control joue un rôle clé dans la recherche de solutions d'ingénierie pour des plans complexes, en intéraction avec les effets spéciaux (FX) sur le plateau. En effet, la robotique permet de synchroniser différentes machines afin d’obtenir le plan parfait. Par exemple, un vérin peut propulser un steak haché en l’air, un lance-flammes peut ensuite envoyer une flamme lécher le steak en plein vol, tandis que la caméra, montée sur un bras robotisé, effectue un travelling circulaire, le tout parfaitement synchronisé.


L’opération Motion Control travaille donc en collaboration avec les équipes SFX pour orchestrer ces éléments grâce aux outils et à la robotique, garantissant une précision et une fluidité impossibles à obtenir manuellement.


L’utilisation d’un système Motion Control permet d’établir un lien entre le tournage et la post-production grâce à la récupération des données de caméra : une trajectoire effectuée dans le monde réel pourra ensuite être importée dans un software 3D comme Maya, Blender, Nuke. Cela permet d’éviter la délicate étape du tracking ou match-moving, et produire plus rapidement des intégrations d’éléments ou des transformations de décor.


Un bon opérateur Motion Control se trouve donc à l'intersection de plusieurs disciplines dont il fait le lien, et doit comprendre aussi bien la mécanique que l'esthétique visuelle.Antoine Grasset


 

Opérateur Motion Control, un métier d’avenir


Devenir Opérateur Motion Control ne requiert pas de formation particulière, comme en témoigne Antoine : 


« La machinerie est rentrée dans ma vie quand on a monté Spline il y a 8 ans avec Romain, Claire-Alix, et Lucas. Avant Spline, je n’avais aucun lien avec la machinerie, les robots, le code, … tous les aspects techniques qui sont dans ma vie désormais. J’ai appris par moi-même, il n’y a rien de mieux que le plateau pour apprendre. »

La manipulation des machines s'effectue via une interface visuelle 3D, semblable à un logiciel de montage. Depuis la programmation des mouvements et l’ajustement des paramètres (vitesse, accélération, synchronisation), jusqu’à la validation des prises et les éventuelles corrections en temps réel, l’opérateur Motion Control paramètre l’ensemble de ses interventions dans ce logiciel. 


Par exemple, pour une publicité pour une tablette de chocolat où la caméra doit glisser lentement au ras de la surface pour capturer la texture fondante et les éclats de noisettes, l’opérateur Motion Control va programmer le mouvement du robot pour que la caméra suive un travelling fluide et ultra-rapide, au plus près du chocolat, en passant juste au-dessus d’un carré qui se brise sous l’effet de la chaleur. Il ajustera la vitesse et les angles pour éviter les reflets indésirables et capturer chaque détail appétissant, et effectuera plusieurs tests pour synchroniser parfaitement la fonte du chocolat avec le mouvement de caméra, garantissant un rendu gourmand et immersif.


De la même manière, pour le tournage d’un spot publicitaire pour un soda comprenant plusieurs éléments animés (jet de liquide, glaçons en chute, condensation sur le verre), le Motion Control permettra de gérer de manière optimale une séquence multi-passes.

L’opérateur pourra enregistrer une trajectoire complexe où la caméra fait un travelling autour du verre tout en s’arrêtant sur un point précis à la fin, et la répéter plusieurs fois pour filmer séparément chaque élément : le verre immobile avec mise au point sur la condensation, le jet de soda parfaitement synchronisé avec la caméra, et la chute des glaçons capturée en slow motion. En post-production, toutes ces passes seront superposées pour composer une image finale ultra-réaliste.


Pour Antoine, devenir Opérateur Motion control, plus que des compétences à apprendre, il s’agit avant tout d’un état d'esprit à développer, central sur un plateau de tournage. L'intuition et la compréhension des besoins artistiques sont primordiales, ainsi que de l’intelligence sociale, du dialogue et de la diplomatie.


Les qualités d'un bon opérateur Motion Control incluent une excellente communication avec le réalisateur, le chef opérateur, le directeur artistique et les différents techniciens, une forte capacité d'adaptation et de résolution de problèmes, une proactivité, une attention et un sens du compromis pour fluidifier le travail sur le plateau et enfin un goût de l’image aiguisé.


L'opérateur Motion Control est donc une figure centrale du plateau, en lien avec la majorité des postes. Il est le garant d’une bonne ambiance et d’une fluidité sur le tournage, capable de transformer une vision en réalité tout en optimisant les outils disponibles. Antoine Grasset

 

Grâce à l’outil développé par Spline, dont la mise en place est plus bien plus accessible qu’il n’y paraît, il devient envisageable d’intégrer le Motion Control à des projets plus modestes, comme des billboards TV ou du brand content. Au-delà de leur expertise technique pointue, l’équipe de Spline se distingue par une approche pédagogique et un véritable esprit de collaboration. Après sept ans de travail en commun, une relation de confiance presque d’amitié s’est instaurée, créant une atmosphère de travail à la fois exigeante et bienveillante.


Et pour vous convaincre que le motion control peut vraiment donner faim, voici un film où le savoir faire de Spline a sublimé un plat de pâtes !











 
 

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